Accueil et diversité

Métiers d’accueil :

exclusivement pour des profils féminins ?

Les métiers d’accueil, qu’ils se situent au sein d’une entreprise ou dans le secteur de l’événementiel, sont le plus souvent assimilés au genre féminin. Un cliché bien ancré dans nos sociétés (en France, mais pas que !) qui pousse à se poser plusieurs questions : pourquoi les femmes sont-elles majoritaires à exercer ces métiers ? Et ainsi, par défaut, pourquoi les autres profils sont-ils très peu représentés ? Quelles sont la ou les causes de ce phénomène ? Quel en est le constat aujourd’hui, en 2023 ?

Des métiers prédestinés pour les femmes ?

L’accueil, quel qu’il soit dans le milieu professionnel, est un point clé pour toute relation qui doit s’établir (client/entreprise ou visiteur/déroulement d’un événement). Par exemple, lorsqu’une société souhaite recevoir des clients ou des visiteurs, l’accueil est le premier point stratégique pour faire une bonne impression. Et ce n’est pas pour rien qu’il nous arrive d’entendre que la première impression est importante. C’est celle, le plus souvent, que l’on retient et qui détermine notre approche pour la suite.

Le poste d’accueil se réfère, pour ainsi dire, à la première vitrine de l’entreprise. C’est un point essentiel de l’image de marque de la société et c’est pourquoi, ces postes sont nécessaires et importants. Mais alors pourquoi les métiers d’accueil sont-ils essentiellement représentés par des profils féminins ?

Il n’est pas nouveau d’évoquer la catégorisation entre les métiers dits “de femme” et les métiers dits “d’homme”.

Par ce premier constat général au sein de nos sociétés, on remarque assez rapidement, lorsque l’on se penche sur ces professions en question, que les métiers “féminins” sont davantage tournés vers le service : aides à domicile, enseignantes, infirmières, etc. ; alors que les métiers masculins se dirigent davantage vers des professions qui demandent d’exercer des missions physiques ou celles qui demandent de fortes responsabilités : dirigeants, responsables, ouvriers en BTP, etc.

En janvier 2019, Margot Poulain cite dans un de ses articles intitulé “Les hôtesses d’accueil, piégées dans la précarité et la féminité” qui est paru dans le journal en ligne Politis, les propos de Gabrielle Schütz, ayant écrit sur ce même sujet : “ce métier s’inscrit dans « la division sexuée du travail qui réserve aux femmes les tâches d’assistance et de représentation ». Ainsi, nous pouvons nous demander si : les femmes sont-elles “destinées” à accueillir ?

Dans la suite de son article, Margot Poulain démontre que : “L’image des hôtesses découle directement des représentations traditionnellement associées aux femmes.” et qu’ainsi “Les compétences et les exigences qu’il requiert [le métier d’hôtesse d’accueil] entrent en adéquation parfaite avec les stéréotypes de la « nature féminine » : être à l’écoute, dévouée, empathique, douce.” On montre alors la femme comme prédisposée de par sa nature, pour exercer dans l’hôtesseriat alors que l’homme, apparemment non. A vrai dire, des hommes à l’écoute, dévoués, empathiques et doux, cela existe bien. La question porte plutôt sur l’intérêt d’exercer des missions d’hôtessariat, car des hommes dans le monde de l’accueil, on les retrouve aussi. Certes moins, mais ils sont présents.

Pierre Barbin et Arnaud Blanc évoquent, dans un article nommé “Hôtesse : les dessous pas si glamour du job”, paru dans le magazine féminin en ligne Terrafemina en avril 2015, les raisons du pourquoi certaines jeunes femmes sont attirées par l’exercice de ces métiers. En effet, et d’après des témoignages, ces dernières mentionnent des “missions faciles” avec des “horaires flexibles” idéales pour payer et réaliser leur étude en même temps.

Effectivement, cela paraît vu de l’extérieur comme “simple”, où il n’est justement pas nécessaire de réaliser ou d’obtenir de grands diplômes pour exercer les tâches que demande ce métier. Une fois de plus, Margot Poulain souligne “un investissement considérable qui, lui non plus, n’est pas reconnu” et cet “investissement”, est important à mentionner. 

 

L’hôtesse ou l’hôte d’accueil est soumis.e à différentes épreuves et imprévus durant ces missions, qu’il faut savoir gérer selon la situation et son contexte. Il n’est parfois pas chose aisée de s’adapter de manière rapide et de ne pas succomber au stress du moment ou encore à la pression des supérieurs, parfois exigeants.

Il reste alors important de préciser que ce n’est pas un métier fait pour tout le monde. Il faut d’abord en avoir l’envie, pour X ou Y raison, mais aussi, aimer le contact humain, savoir se rendre disponible, être investi et savoir être maître de la situation dans les imprévus. Tout cela ne constitue en aucun cas des faits pour stigmatiser les métiers d’accueil à seulement des métiers “de femme”. On aurait alors tendance à croire qu’aucun homme ne peut ou ne veuille exercer cette profession. Nous pouvons nous rassurer, il y en a bien malgré le fait que ces métiers paraissent être prédestinés davantage pour des profils féminins. Pourquoi, alors, les rencontrons-nous moins souvent ? Margot Poulain pointe un autre élément, prouvant qu’il ne s’agit pas d’un désir exclusif et purement féminin que de travailler dans l’hôtessariat.

“Les hôtesses doivent être désirables” :

un processus de recrutement discriminatoire

Accueillir pour faire la meilleure des impressions en un contact, c’est, par définition générale, être chaleureux, souriant et disponible pour répondre à toute demande. Il en va de soi que sans au moins l’un de ces trois facteurs, vous avez peu de chances de faire bonne impression…

 

Les femmes, dans notre système sociétal, sont plus souvent assimilées aux adjectifs précédemment cités, du moins ce sont des qualités que l’on attend elles ; alors que les personnes de genre masculin, sont globalement attendues dans le monde professionnel pour être un leader avec un sens de l’initiative affirmé et un esprit de meneur.

Cela se joue sur le fait que les personnes de genre féminin soient plus soumises aux critères physiques et esthétiques, et c’est ce qui, en grande partie, occasionne cette surreprésentation dans ce secteur. Si l’on souhaite un bel accueil, il apparaît évident pour une personne qui recrute, de se tourner vers des profils féminins dont le physique est “avantageux”, pour montrer, dès le premier contact, une belle image et prouver en quelque sorte, que la suite sera tout aussi agréable.

On note ainsi que le recrutement pour les métiers d’accueil est soumis à un mode opératoire assez méticuleux de la part de certains recruteurs et recruteuses. A ce sujet, Margot Poulain mentionne que les femmes sont “missionnées à des fins de représentation” et que “le corps est une « ressource » à part entière dans cette activité” où, d’autant plus, l’hôtesse à un rôle à jouer, qui est celui de représenter les clichés de la féminité. Le problème ne vient pas tant des représentations que l’on peut se faire de certaines professions ou des assimilations que l’on porte aux genres humains, il se démontre également découler d’un recrutement qui peut s’avérer discriminatoire à plusieurs niveaux.

Défenseur des droits est une institution créée par le gouvernement français, qui chaque année édite un baromètre (étude) de la perception des discriminations dans l’emploi. En 2017 (10e baromètre), l’étude révèle que 50 % des interrogés (environ 5 100 personnes) estiment que souvent, voire très souvent, être victime de discrimination en recherche d’emploi. L’âge et le sexe se montrent être les premiers critères de discrimination, touchant davantage les femmes que les hommes. Les hommes apparaissent quant à eux, plus enclins à être sujets aux discriminations selon leur origine : “48 % des hommes dont l’apparence signale une origine extra européenne déclarent avoir été discriminés contre 24 % de ceux qui sont vus comme blancs.” En 2013 (8e baromètre), 29 % de la population interrogée, estiment avoir subi des discriminations sur leur apparence physique. Ces constats généraux prouvent alors que les discriminations sont bien réelles dans le monde de l’emploi et qu’elles ne datent pas d’hier, tous secteurs confondus. Le sexe tout comme les critères physiques se montre dans certaines situations, être un frein à l’embauche. Ceci paraît plutôt invraisemblable lorsque que l’on sait que pour travailler, il est davantage utile d’avoir des compétences et savoirs plutôt que d’être beau/belle.

En décembre 2022 sort le 15e baromètre (le plus récent sortit à ce jour) évoquant le fait suivant : “En 2021, plus de 10 % de l’ensemble des dossiers de discriminations reçues par l’institution concernaient le critère du genre.” Ce chiffre prouve que ce phénomène est donc toujours présent de nos jours et cela est regrettable. Il faut en plus savoir, que les discriminations sont interdites par la loi (article 225-1 du code pénal), pouvant amener jusqu’à trois ans d’emprisonnement et au versement de 45.000 euros d’amende en dédommagement à le ou la victime.

Dans le monde de l’hôtessariat, il s’est avéré que certains recruteurs peuvent être exigeants en déposant des cahiers des charges précis sur les profils recherchés. Et plus souvent, ces postes sont “réservés” à des femmes belles, minces et plutôt jeunes, les compétences étant complètement mises à part. Malheureusement, les critères de discriminations sont multiples et peuvent également porter sur la couleur de peau, la taille ou un handicap physique et/ou mental (une femme enceinte pouvant être considérée comme un “handicap”). Cela peut encore aller plus loin, en touchant à l’identité sexuelle, aux convictions religieuses ou encore à la situation sociale d’une personne.
De par ces différents constats, il est depuis ces dernières années exigé un renouveau en matière de recrutement pour effacer ces discriminations. On parle alors d’inclusivité, qui se définit comme étant le caractère inclusif d’un système ou d’une communauté. Autrement dit, le fait de n’exclure personne pour quelques raisons que ce soit et de s’efforcer d’assurer une représentation la plus égale possible de l’ensemble des personnes, en effaçant toute catégorisation.

Depuis la connexion de la quasi-totalité de la population au réseau informatique, les informations circulent vite et des mouvements naissent à travers le monde, facilité par cette technologie. Des constats ont été faits et on se rend davantage compte de la réalité des événements, qu’ils soient proches de chez nous ou à l’autre bout du monde. Il y a notamment un combat qui continue de faire effervescence malgré les années à y militer : l’égalité entre tous, et cette notion fait entrer en jeu ce qu’on appelle l’inclusivité (définie dans le paragraphe précédent). Cela veut, entre autres dire, que pour qu’il y ait une égalité, il est également nécessaire de faire entrer les populations « en marge », de les inclure à tous les systèmes, avec un même traitement pour tous. 

 

Par exemple, les débats sur l’égalité femme – homme ont pris plus d’ampleur ces dernières années, avec notamment les réseaux sociaux. Néanmoins, si les femmes souhaitent plus d’égalité et se sentir mieux représentées dans certains domaines, le combat ne va pas que dans un sens. Les hommes et toute autre population à laquelle il nous est possible de s’identifier ont aussi le droit de revendiquer l’égalité. Dans ce contexte, alors, il est ainsi souhaité une meilleure représentation de l’ensemble des profils dans l’hôtessariat mais pas que, de différents profils peu importe le genre, l’apparence physique, l’âge ou encore l’identité social ou sexuelle.

Voici quelques exemples récents montrant que l’inclusivité, tout secteur, se met en place progressivement :
⦁ Depuis mars 2023, les entreprises de 50 employés ou plus doivent publier leur index de l’égalité professionnelle afin de mettre en lumière (et de ne plus cacher) les différents écarts entre hommes et femmes travaillant dans une même société.
⦁ En politique, on retrouve aujourd’hui plus de femmes à différents niveaux (première ministre, députée, maire).
⦁ Dans le monde sportif, il est maintenant nettement moins rare de tomber à la télévision sur un match de foot ou de rugby féminin. On en parle davantage dans les médias et les matchs peuvent se visionner sur les grandes chaînes.

Ces exemples démontrent bien le combat en progression des femmes pour l’égalité envers les hommes. Mais ce n’est pas seulement ça l’inclusivité : une poupée Barbie a récemment été lancée portant la trisomie 21 ; Ariel de la Petite Sirène a la couleur de peau noire dans le film de 2023, contrairement au dessin animé Disney où elle à la peau blanche ; sur les réseaux sociaux, le fait d’y voir des corps au-delà de la taille 36 ou avec des handicaps se démocratise de plus en plus.

Cependant, en mars 2023, Laetitia Vitaud écrit un article en ligne pour Welcome To The Jungle, en affirmant que les inégalités de représentation de différents métiers sont encore persistantes : 

“Et cela ne change guère : 90 % d’hommes dans le BTP et 95 % de femmes parmi les aides ménagères aujourd’hui comme hier.”

Cela ne mentionne pas explicitement les métiers d’accueil, mais c’est tout comme. Elle évoque “des métiers qui peinent à se masculiniser” alors qu’inversement “on parle de plus en plus de femmes dans des métiers d’hommes”.

Laetitia Vitaud mentionne pour cause un manque de politiques publiques et de campagnes de sensibilisation à la masculinisation des métiers dits “féminins”. Ce en quoi nous ne pouvons que répondre qu’elle n’a pas tort. Et en poussant davantage son raisonnement, elle évoque une vision de l’avenir qui pourrait en faire réfléchir plus d’un.

Elle voit dans les métiers “de femmes” un avenir plus radieux que certains métiers “d’hommes” pouvant, grâce (ou à cause) du progrès technique, être remplacés quasi totalement par l’intelligence artificielle ou encore par des robots. Les métiers dits “de femmes” sont, en effet, plus proches de l’humain. Et rien ne pourra remplacer le contact humain. Ces métiers “de femmes” deviendront d’autant plus importants et nécessaires au fur et à mesure que l’intelligence artificielle prendra de la place dans nos sociétés. Laetitia Vitaud y voit alors un “enjeu majeur” que de rapidement masculiniser les métiers « de femmes » : “Les métiers “de femmes” sont les métiers d’avenir, pourvu qu’on les investisse ! Il est crucial de faire de leur masculinisation un enjeu majeur d’action politique et culturelle. Il en va de notre bien-être à tous/toutes.” Cette pensée semble intéressante à prendre compte, car le monde change, évolue et nous réserve encore de nombreuses surprises qui, comme elle mentionne, peut s’avérer être un déclencheur pour changer certains de nos stéréotypes.

Plus particulièrement, dans le monde de l’hôtessariat, il est possible de remarquer une évolution. Il est moins rare qu’auparavant de rencontrer des hôtes d’accueil par exemple. Cependant, en 2019, Margot Poulain écrivait encore que ces hôtes sont peu fréquents. Il n’existe pas de chiffre prouvant ou non une réelle évolution en termes d’inclusivité pour les métiers d’accueil. Il est donc difficile d’interpréter les faits que nous pouvons chacun ou chacune observer de par nos propres expériences. Nous pouvons cependant imaginer, que dans un futur proche, l’inclusivité dans le monde hôtessariat se veuille davantage présent et que cette catégorisation de métier “de femme” se dissipe peu à peu.

Afin de permettre cette évolution future, plusieurs éléments peuvent déjà être connus de toutes et tous pour faire diminuer les discriminations à l’embauche. Une des premières solutions serait dans un premier temps de sensibiliser les recruteurs et recruteuses à ce phénomène et de favoriser un recrutement en fonction des compétences et non au physique et au genre des profils. La méthode du CV anonyme peut, entre autres, faire partie des outils pour améliorer ce processus. A un plus haut niveau, il serait aussi intéressant d’y ajouter des campagnes nationales afin de sensibiliser de manière plus large.

Il ne faut pas oublier que travailler dans l’accueil peut également offrir quelques atouts à long ou moyen terme. En effet, cela peut constituer un excellent point de démarrage pour ceux et celles qui rêvent d’une carrière dans l’événementiel. Cela permet aussi de rencontrer des professionnels et de constituer son réseau pour maximiser ses chances d’obtenir des opportunités dans le milieu (voir même dans un milieu qui n’a rien à voir !). Découvrir différentes entreprises ou participer par le biais de l’accueil à divers événements sont aussi un bon moyen d’élargir et d’approfondir ses compétences et connaissances dans le secteur. Les métiers d’accueil peuvent ainsi former d’éventuelles occasions à ne pas négliger, surtout si vous êtes intéressé par ce milieu ou même par d’autres activités qui y sont en lien.

L’inclusivité dans l’hôtessariat n’est pas encore un fait 100 % avéré. Cependant, on en parle déjà et c’est un progrès qu’il est important de notifier.

Chez Arcéos, aucun critère discriminatoire n’est appliqué lors des recrutements. Tous les profils sont étudiés et comptent. Les compétences et la motivation sont les maîtres-mots pour maximiser au mieux votre candidature. D’ailleurs, même s’il n’existe pas encore une parité parfaite, sachez que chez nous, environ 35 % des profils embauchés sont des hommes et ce que l’on souhaite, c’est avancer encore plus avec vous !

Alors si les métiers d’accueil vous intéressent, contactez-nous !

L’hôtessariat vers l’inclusivité

Article écrit par Angela Fauvel

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